Publié le 17 février 2021
Beaumont-sur-Oise vous présente ses podcasts littéraires
Février 2021 : cycle “correspondances”
Lettre de Rimbaud à Verlaine du 4 juillet 1873, à Londres.
En septembre 1871, Arthur Rimbaud, 16 ans, quitte sa ville natale, Charleville-Mézières, pour retrouver à Paris Paul Verlaine, de dix ans son aîné et avec lequel il a noué depuis quelques temps déjà une relation épistolaire.
Très vite, alors que Verlaine fait entrer Rimbaud dans les cercles de poètes parisiens, leur amitié se transforme en un amour qui ne dit pas son nom. Ils fuient ensemble à Bruxelles et Londres, Verlaine laissant derrière lui femme et enfant.
C’est à cette période que Rimbaud débute l’écriture de recueils tels qu’Une Saison en enfer ou Illuminations, comptant parmi ses œuvres les plus magistrales. Pourtant, les deux poètes ne cessent de se disputer, comme ce 3 juillet 1873 à Londres où Verlaine, ne supportant plus les moqueries de son compagnon, saute dans un bateau pour rejoindre Bruxelles.
C’est après cet épisode que Rimbaud écrit la présente lettre. Quelques jours plus tard, Verlaine, ivre, tirera sur son amant lui annonçant qu’il retourne à Paris. Verlaine écopera de deux années de prison.
Lettre de Sophie Scholl à Fritz Hartnagel du 22 juin 1940, à Ulm
En février 1943, Sophie Scholl, 21 ans, distribue à l’université le sixième tract de Die weisse Rose (la Rose blanche), appel à la jeunesse allemande contre Hitler et ses partisans. Dès le lendemain, elle est arrêtée avec son frère Hans (24 ans) et leur camarade Christophe Probst (23 ans). Ils seront tous trois jugés puis décapités quatre jours plus tard pour haute trahison. Le mouvement d’étudiants de la Weisse rose ne leur survivra que quelques semaines.
Dans cette correspondance apparaît dans toute sa magnifique clarté la résistance, d’abord intellectuelle, de certains jeunes d’une sombre époque, dont les valeurs fortes et la réflexion furent des portes de sortie de la quarantaine spirituelle et intellectuelle imposée à leur pays, leur permettant de s’émanciper et résister…
Lettre d’Albert Camus du 19 novembre 1957 à son ancien instituteur
Alors que, quelques jours auparavant, Albert Camus vient de recevoir pour l’ensemble de son œuvre le Prix Nobel de Littérature, reconnue comme l’une des plus prestigieuses récompenses au monde, l’écrivain philosophe prend la plume pour remercier son ancien instituteur, Louis Germain, avec qui, de 1918 à 1923, il a préparé à Alger le concours des bourses pour les collèges et lycées.
Ce magnifique hommage, bouleversant de gratitude et d’humilité, a notamment été lu par de nombreux écoliers mercredi 21 octobre 2020, lors de la cérémonie organisée en mémoire à Samuel Paty.
À travers cette lettre, c’est en effet toute une profession, trop souvent en souffrance, qui est honorée et à qui l’on rend ses lettres de noblesse.
Lettre de Gaston Biron à sa mère, le 18 avril 1916
Gaston Biron, fils d’une famille de 7 enfants, était devenu interprète après de grandes études.
La guerre le transforma en soldat en 1914 : il avait alors 29 ans.
Blessé en septembre 1916, il succombe de ses blessures 3 jours plus tard à l’hôpital militaire de Chartres.
Durant ces deux années de guerre, il n’aura eu de cesse d’écrire à sa mère, Joséphine.
Lettre de Victor Hugo à M. Daelli du 18 octobre 1862 à Hauteville-House
Dans cette lettre adressée à l’éditeur chargé de la traduction italienne des Misérables, Victor Hugo explique en quoi son roman est universel et s’adresse à tous les peuples. Encore aujourd’hui, ce livre figure dans la liste des chefs d’œuvre de la littérature mondiale.
Les Liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos, 1782 – Lettre 100
Ce roman épistolaire de 175 pages, sous-titré Lettres recueillies dans une société et publiées pour l’instruction de quelques autres, s’inscrit dans la tradition du libertinage de mœurs et a fasciné de nombreuses générations et par là-même, inspiré de multiples adaptations, dont cinématographiques.
Les Liaisons dangereuses est un chef d’œuvre en matière de maîtrise du genre épistolaire : chaque personnage a son propre style, aisément identifiable, et les correspondances croisées, dont le rythme est parfaitement orchestré, mènent le lecteur à travers les intrigues et les manipulations impulsés par les deux libertins que sont la marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont.
La lettre 100 laisse apparaître un Vicomte en proie à des sentiments qu’il refuse d’accepter. Tonalité pathétique et lyrisme amoureux se mêlent à un orgueil blessé ainsi qu’à un égal désir de vengeance et de possession. Alors que jusque-là, Valmont se servait de sa plume par goût du défi, afin de faire naître chez la Présidente de Tourvel des sentiments amoureux, les mots viennent ici le trahir auprès de Madame de Merteuil, révélant qu’il s’est pris à son propre jeu en tombant sous les charmes de la Présidente.
Le lecteur goûte également lors de cette lettre toute la saveur de la plume du Vicomte. Par ailleurs, c’est lorsque ce dernier cessera d’écrire – en envoyant à la Présidente la lettre de rupture écrite par la Marquise – qu’il sonnera l’heure de son propre déclin.
Lettre de George Sand à Marie d’Agoult du 26 (?) février 1836, à Bourges
George Sand et Marie d’Agoult (qui deviendra l’écrivain Daniel Stern) comptent parmi les femmes les plus libres de leur temps. Elles connaissent toutes deux, dès leur rencontre, une amitié vive et passionnée, qui se traduit notamment par une tendre correspondance ainsi que par plusieurs mois de vie commune. Pendant quelques semaines, elles ouvrent ensemble à Paris un salon, lieu de rendez-vous des plus grands écrivains et musiciens de l’époque. Mais l’amitié laisse vite place aux blessures d’orgueil, à la rancœur ainsi qu’à la vengeance. Leur correspondance laisse apparaître en filigrane des personnalités d’exception (Musset, Balzac, Berlioz…) dont leurs deux amants : Liszt et Chopin.
La lettre choisie date du début de leur amitié. George vient de divorcer. Elle apprendra avec colère, peu après le jugement du tribunal, que son mari a fait appel. Toutefois, le dossier présenté par le baron Dudevant apparaît diffamatoire aux juges si bien que le 11 mai, la séparation est de nouveau accordée.
Lettres à un jeune poète
Lettre de Rainer Maria Rilke à Monsieur Kappus du 4 novembre 1904, Furuborg, Jonsered, Suède
Cette œuvre littéraire majeure regroupe dix lettres écrites par le poète Rainer Maria Rilke à Franz Xaver Kappus, jeune homme qu’il ne connaît pas, mais qui lui a écrit pour lui demander conseil. En effet, Monsieur Kappus est tenaillé entre sa carrière militaire et son amour pour la poésie, qu’il résume ainsi : « je n’avais pas encore vingt ans et j’étais sur le point d’embrasser un métier que je ressentais comme exactement contraire à mes inclinations. » S’ensuit une correspondance que le critique et écrivain Roland Barthes définira comme « une œuvre du Vouloir Écrire », encourageant ceux qui ressentent ce désir, cette soif d’écrire à se jeter à l’eau et à entendre la poésie comme l’expression de son Soi, l’acceptation de ce que l’on est profondément.
Lou à Apollinaire, lundi 29 mars 1915
Lettre autographe sur papier à en-tête du Grand Café de la Bourse, à Marseille
Si les Lettres à Lou de Guillaume Apollinaire sont de notoriété publique et tendent à faire de Louise de Coligny-Châtillon, dite Lou, une amante légère et aimant jouer avec le cœur de son amant, les lettres que cette dernière adresse à « son Gui » sont moins connues. Pourtant, elles permettent de reconstituer leur échange épistolaire et de rétablir l’équilibre. Si Lou assume sans culpabilité aucune son libertinage, son franc-parler et sa liberté, elle apparaît toutefois touchée par l’éloignement progressif du poète, qui, à son tour, ne prend plus les traits d’un amant livré à une maîtresse frivole, mais ceux d’un homme dont la postérité sait qu’il a choisi de vivre une aventure avec une autre femme, discrètement.
Lettre de Marin Guillaumont du 14 décembre 1914
D’origine auvergnate, Marin Guillaumont était instituteur avant la guerre où il fut blessé et gazé. Il mourut huit ans après l’armistice, en 1926. Sa femme Marguerite venait de donner naissance à leur fille Lucile lorsqu’il lui écrivit cette lettre.
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©générique : Le Traquenard – Horoscop21